Voilà la question au cœur de toutes les transformations d’entreprise, qu’il s’agisse de changement de business model, de lancement d’une nouvelle offre, de réorganisation, de transformation digitale…
Au commencement est la vision d’un futur souhaitable vers lequel il faut embarquer les équipes sachant que le réflexe naturel est le statu quo.
Mettre en mouvement vers le changement est une des tâches les plus complexes dans la conduite d’une entreprise.
Au tennis ou au golf, avant de jouer, il faut visualiser la trajectoire de la balle et même « pré-sentir » le mouvement de son corps qui mettra la balle là où il le faut. Conseil classique de coach sportif.
Le dirigeant doit donc « pré-penser » la mise en mouvement de ses équipes. Quels sont le terrain, le sens et la force du vent ? Quel sera le chemin pour y arriver, quelles seront les étapes et qui seront les mieux placés pour réaliser ces étapes ?
C’est la déclinaison du changement envisagé en successions d’initiatives stratégiques qui vont progressivement permettre d’atteindre la cible.
Il faut aussi donner la force de réaliser le premier mouvement.
La vision construite par le raisonnement analytique, qu’il soit stratégique ou bien financier, donnera rarement envie de bouger. Il faut autre chose pour donner envie.
La force de l’exemple est une des clés. C’est la clé de l’apprentissage. On apprend un geste nouveau en imitant un maître. On n’imagine pas une direction générale lancer l’entreprise dans une transformation digitale sans montrer elle-même une pratique exemplaire du digital. Le soutien de la direction générale est une des conditions du succès de toute transformation.
Autre clé, découper le chemin à parcourir en étapes progressives. On commence par un pilote de nouvel ERP sur un secteur pas trop compliqué, où les équipes sont plutôt ouvertes et disponibles. L’effet boule de neige doit contribuer à accélérer le mouvement par la suite.
Un autre classique de la conduite du changement c’est d’obtenir des quick wins et de les fêter. C’est-à-dire les donner à voir au plus grand nombre. Les premières étapes sont franchies avec succès. On a passé le premier col. Cela encourage pour aller plus loin, voire beaucoup plus que loin que ce que l’on imaginait faire en partant.
Savoir parfois poser le sac à terre, reprendre la carte du sentier, regarder le chemin déjà parcouru et les difficultés surmontées, regarder le relief autour de soi, faire le point sur l’état de ses forces, se nourrir, voir par où passer pour atteindre l’objectif de la randonnée… Visualiser toujours, mais ce que l’on peut voir, ce qui est en bas du col ou sur le versant en face… et non ce qui est sur la troisième rangée de chaîne derrière même si c’est là que l’on souhaite emmener les autres.
Tout cela conduit à montrer le changement. À transformer la vision en réalité.
Didier Serrat
CEO de Zeebra